L'Institut Paris Region

Séminaire de travail 2 avril 2024   - L'usage de l'intelligence artificielle (IA) dans les métiers de l’aménagement, de l'ingénierie territoriale et de la formation en urbanisme.

Organisé et animé par l’Institut Paris Region, la Chaire Aménager le Grand Paris et l'EUP, ce séminaire interne visait à :

- Partager quelques éléments de définition autour de ces notions peu maitrisées,
- Identifier les pratiques et signaux faibles des transformations en cours dans nos milieux professionnels
- Élaborer des pistes d’action pour mieux comprendre et agir vis-à-vis de ces mutations.

Quatre séquences ont rythmé les échanges entre experts de l’Institut, opérateurs de l’aménagement et enseignants-chercheurs :

1. Quelle place de l’IA dans les enjeux actuels de la fabrique de la ville, de la Smart city à la ville sobre?
2. Quels usages de l’IA dans les expertises de l'Institut Paris Region ?
3. Quels usages de l’IA dans la production urbaine ?
4. Quels usages dans la formation à l'urbanisme ?

Il ressort des échanges que :

• L’immense majorité des institutions, collectivités ou opérateurs franciliens en charge de l’urbanisme et l’aménagement ne semble pas encore se questionner sur leur rapport à l’IA. Les acteurs en sont plutôt dans une phase préalable de repérage et/ou de structuration de leurs données.
• Du point de vue des start-up ou des industriels de l’IA, le champ de l’urbanisme pèse peu : seules quelques offres spécifiques pour notre (petit) monde professionnel existent à ce jour pour outiller les usages « traditionnels » (SIG, modélisation déplacement, optimisation foncière…).
• La conséquence ? Partout apparait un besoin partagé d’acculturation conceptuelle et de montée en compétences pratiques pour la « data » en général et pour l’IA en particulier ! Ces enjeux se posent de façon différenciée selon les organismes et les secteurs (développer un « réflexe data » lors de la formation des étudiants, former les maîtres d’ouvrages pour comprendre les offres des prestataires privés, …).
• Pour autant, l’IA (générative notamment) pourrait bien avoir une adoption « triviale » (dans le quotidien de chaque métier). Il y a un enjeu méthodologique fort à suivre ces changements « par le bas », qui risquent sinon de passer sous des radars… L’autre enjeu est d’étudier ces évolutions.
• Les modèles actuels d’IA façon GAFAM sont entrainés sur des données (souvent en provenance des USA) qui reflètent mal les configurations urbaines françaises (formes urbaines, …), et ces « préjugés » ont un impact sur leur usage chez nous. Les promesses de nouveaux modèles adaptables (et éco-friendly) sont à suivre de près…surtout s’ils permettent davantage de transparence et de souveraineté.
• L’usage différencié de l’IA risque de redoubler les inégalités entre territoires, collectivités ou secteurs d’action publique (inégalement dotés) et d’aggraver la crise environnementale, bien que ces technologies soient utilisables pour répondre à ces enjeux. L’ingénierie publique est un acteur clé pour connaître et limiter ces effets !
• Pour nuancer:  l’ampleur - voire l’inéluctabilité - des changements à venir avec l’IA, et la position à tenir face à eux (soutenir ? freiner ? réguler ?) fait l’objet de divergences parmi les participants au séminaire. Le débat ne fait en fait que commencer !

Intervenant.es

Sylvain Beaulieu - Directeur de projet Data et numérique à l’EpaMarne EpaFrance
Aymeric Bouchereau – enseignant chercheur UPEC/Lab’Urba
Antoine Courmont - Enseignant chercheur EUP/LATTS/Univ. Gustave Eiffel
Cecile Diguet - Directrice DUAT IPR
Laurie Gobled - Directrice DSI IPR.
Gilles JEANNOT- Chercheur ENPC/LATTS.
Michel MEDIC – Géomaticien et data-scientist à la DSI, IPR.
Jérôme Monnet - Co-directeur EUP, enseignant chercheur LVMT/Univ. Gustave Eiffel
Gianluca Marzilli - Chef de projet SIG à la DUAT, IPR.
Dany NGUYEN LUONG - Directeur DMT IPR